La 8 ème édition de la rencontre annuelle de la Fédération Nationale des Agents et Courtiers du Maroc (FNACAM) a été organisée le 6 juin prochain à Casablanca. Cette édition a porté sur le thème « L’avenir de l’intermédiaire d’assurance : Entre la généralisation de l’AMO et les nouveaux métiers pour le réseau de distribution ». Elle a rassemblé les principaux acteurs ( ACAPS, FMA, CNSS…) et experts du secteur de l’assurance pour échanger sur les tendances actuelles, les défis et les opportunités qui façonnent l’avenir de la profession.
Lors de cette édition, il a été principalement question d’un sujet phare pour la profession, celui de la généralisation de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) et de son impact sur le métier de l’intermédiaire d’assurance et le secteur en général
Il ressort des interventions de Mohamed Hassan Bensalah, président de la Fédération marocaine de l’assurance (FMA), et de Farid Bensaid, président de la FNACAM que la généralisation de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) au Maroc représente un défi majeur pour les assureurs et les courtiers.
Voici les principaux risques et impacts chiffrés :
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Perte de clients : Un nombre significatif de clients (1,4 million d’assurés) notamment ceux de la « population 114 » (actifs et retraités du secteur privé avec couverture médicale via des assureurs privés), basculeront vers la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS).
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Diminution des primes : Les assureurs perdront environ 4 milliards de dirhams (DH) de primes issues de la branche santé, qui représente environ 13,3% de l’assurance non-vie.
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Réduction des commissions : Pour les courtiers, la perte de la branche santé signifie une diminution d’environ 400 millions de DH de commissions. Cette branche constitue plus de 30% des commissions pour certains courtiers.
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Augmentation des cotisations : Les entreprises et les salariés devront payer en moyenne 1% de plus de la masse salariale hors taxe pour basculer à la CNSS, sans compter le coût des complémentaires et des couvertures décès et invalidité.
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Impact sur l’emploi : Les assureurs et intermédiaires devront reconsidérer le nombre de collaborateurs dédiés à la branche santé.
Les leaders du secteur estiment que ce passage nécessite de trouver des solutions rapides, surtout que ces risques sur la branche non-vie, interviennent au moment où nous observons un essoufflement de la dynamique de croissance sur l’assurance épargne, avec la baisse de la collecte sur ce segment.
Parmi les solutions à moyen et long-terme figurent la diversification des activités, notamment en développant l’assurance maladie complémentaire pour compenser les pertes, ainsi que la monté en puissance dans la micro assurance. C’est dans ce contexte que l’ACAPS et la Fédération Marocaine de l’Assurance lancent une étude stratégique sur les leviers de développement du marché des assurance. Les résultats de cette étude sont attendus pour la fin de l’année.
En attendant, l’ACAPS estime que l’obligation ne doit pas être la seule solution à la promotion de l’inclusion. Pour gagner le pari, Assureurs et intermédiaires doivent s’investir davantage dans la promotion et la commercialisation des couvertures autres que les assurances obligatoires.
Selon Abderrahim Chaffai, Président de l’ACAPS, il est de la responsabilité de tous les acteurs de maintenir un secteur des assurances résilient tout en créant les conditions favorables pour son développement. Ce développement passe nécessairement par la réforme du livre IV du code des assurances. A propos de cette réforme (la révision du livre IV du code des assurances), Chaffai a annoncé que les discussions ont été bouclées et que le projet de loi a été transmis au Ministère de l’Economie et des Finances.
Concernant la généralisation de la couverture maladie, Abderrahim Chaffai a souligné que l’exécution de ce chantier, lancé sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, a permis d’engager la généralisation de la couverture maladie à toutes les catégories des professionnels (travailleurs indépendants et personnes non salariées qui exercent une activité libérale), la transformation du régime RAMED en un régime assurantiel (AMO TADAMON) et la création d’un nouveau régime au profit des personnes qui n’exercent aucune activité rémunératrice mais qui disposent de moyens suffisants leur permettant de contribuer dans le système (AMO ACHAMIL). Ce chantier a connu des avancées significatives grâce, notamment, au travail soutenu de la CNSS. Cependant, pour que la généralisation de la couverture maladie soit pleinement effective, il est essentiel de transférer aux régimes AMO, les salariés et retraités des secteurs public et privé actuellement couverts en vertu de l’article 114 de la loi n°65-00 relative à l’AMO.
« En effet, le maintien de la couverture médicale de base dans le cadre de l’article 114 pour une grande proportion de la population, constitue une entrave aux principes fondamentaux consacrés par le préambule de la loi n° 65-00 précitée, à savoir, la solidarité et l’équité et compromet le jeu de la loi des grands nombres, remettant ainsi en cause la mutualisation des risques maladie. Cela montre l’urgence de la situation et la nécessité de s’y préparer. » souligne Abderrahim Chaffai. A ce sujet, l’ACAPS travaille avec l’ensemble des acteurs du secteur des assurances sur l’évaluation de l’impact de ce basculement sur le secteur des assurances. L’objectif est de se préparer à cette réforme inéluctable en proposant des solutions pour développer l’assurance maladie complémentaire, tout en trouvant un positionnement adéquat pour les intermédiaires d’assurance.
Photo: ACAPS