Après une année 2023 en demi-teinte, le secteur de la microfinance reprend des couleurs en 2024 : les encours de crédits ont bondi de 9,4% pour atteindre 9,5 milliards de dirhams, tandis que le résultat net cumulé a quadruplé à 248 millions. Avec 734.000 clients, dont 47% de femmes, et un encours moyen porté à près de 13.000 dirhams, le secteur confirme son rôle central dans le financement de la micro-entreprise, malgré des disparités persistantes entre grands et petits acteurs.

Le secteur de la microfinance au Maroc a connu une dynamique positive en 2024, marquée par une progression notable de ses indicateurs financiers, une amélioration de la qualité de son portefeuille et un renforcement de ses fonds propres. C’est ce que révèle le dernier rapport annuel sur la supervision bancaire publié par Bank Al-Maghrib.

Un réseau stabilisé et une clientèle en légère baisse

À fin 2024, le secteur compte 11 associations de microfinance opérant à travers un réseau de 1.673 points de vente, en hausse de 1,2% après une baisse l’année précédente. Le nombre de clients desservis s’est toutefois replié de 3% pour s’établir à 734.000, dont 47% sont des femmes. Ce repli s’explique notamment par un recentrage des activités sur les segments à plus forte valeur ajoutée et à moindre risque.

Reprise soutenue de l’activité de crédit

L’encours brut des microcrédits distribués a progressé de 9,4% pour atteindre 9,5 milliards de dirhams, contre une hausse de 4,2% en 2023. L’encours moyen par client s’est ainsi établi à 12.976 dirhams, en hausse par rapport aux 11.469 dirhams enregistrés une année auparavant. La répartition sectorielle des financements reste dominée par la micro-entreprise qui concentre 88% des crédits, suivie de l’habitat social avec une part de 11%. En termes de modalités, 89% des prêts sont individuels et 83% sont octroyés en milieu urbain.

Forte concentration du marché

Le secteur demeure fortement concentré, puisque plus de 98% des crédits sont octroyés par les quatre plus grandes associations. Cette configuration, stable depuis plusieurs années, conforte la place dominante de quelques acteurs majeurs, capables de porter les exigences croissantes en matière de gouvernance, de conformité et de gestion du risque.

Amélioration de la qualité du portefeuille

Les créances en souffrance ont diminué de 8% pour s’établir à 452 millions de dirhams. Le taux de créances à risque a ainsi reculé à 4,7% après 5,6% en 2023. Cette amélioration est attribuée à la fois à une meilleure qualité du portefeuille et à des opérations de radiation ciblées. Le taux de couverture des créances en souffrance par les provisions a atteint 84%, contre 83% une année auparavant.

Renforcement de la structure financière

Les créances sur les établissements de crédit et assimilés – principalement des dépôts auprès des banques – ont progressé de 36% à 315 millions de dirhams, représentant environ 3% du total des actifs. L’endettement bancaire, stable à 6,1 milliards de dirhams, continue de constituer la principale source de financement du secteur, représentant 68% des ressources, dont 94% proviennent de banques locales.

Parallèlement, les fonds propres des associations ont augmenté de 9,7% à 2,83 milliards de dirhams, représentant désormais 26% du total du passif.

Résultat net en forte hausse, mais des fragilités subsistent

Le secteur a clôturé l’exercice sur un résultat net cumulé de 248 millions de dirhams, contre 66 millions en 2023. Cette performance traduit le retour à une rentabilité plus soutenue, malgré des disparités entre acteurs. En effet, six associations de petite taille ont enregistré des résultats déficitaires, mettant en évidence la nécessité de renforcer la viabilité financière des structures les moins capitalisées.

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